Installée au sein du bâtiment Entrepreneuriat et Innovation de l’École polytechnique depuis quatre mois, la start-up MyndBlue développe un objet connecté pour aider les médecins à diagnostiquer la dépression. Les demandes s’envolent déjà alors que le produit ne sera disponible à l’usage qu’à partir de février 2016.
L’équipe de MyndBlue : de gauche à droite, Denis Fompeyrine et Pierre Bassaler-Merpillat
350 millions de personnes touchées dans le monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé
En France, entre 20 et 30% de la population en souffrent et le coût est estimé à 1 milliard d’euros. « Le diagnostic de la dépression est très difficile à établir et, en moyenne, les premiers soins sont apportés cinq ans après les premiers symptômes de vulnérabilité psychique », indique Denis Fompeyrine, docteur en psychologie clinique.
C’est à partir de ce constat que Denis Fompeyrine décide de développer une technologie dans le secteur de la santé mentale. Au cours de son MBA à HEC, il rencontre Pierre Bassaler-Merpillat, ingénieur diplômé de l’Ensta-ParisTech et spécialiste des Télécoms. Ensemble, ils décident de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et ils inventent MyndBlue, un bracelet connecté pour aider les médecins à diagnostiquer la dépression. Depuis septembre, ils ont investi l’incubateur de l’École polytechnique.
Prévenir les rechutes de la maladie grâce à l’intelligence artificielle
« Cet objet recueille toutes les données correspondant au modèle clinique de la maladie », explique Denis Fompeyrine, CEO et fondateur de la start-up. Le bracelet, équipé de capteurs, enregistre les données d’un individu liées à sa physiologie (rythme cardiaque, tension artérielle, température du corps etc.), certains comportements, son environnement ou encore les émissions électroniques auxquelles il est exposé.
« Nous utilisons l’intelligence artificielle et plus particulièrement l’apprentissage automatique pour analyser et identifier les marqueurs indiquant potentiellement des symptômes de la dépression », poursuit le CEO. Grâce à un algorithme développé par les deux fondateurs, les données vont pouvoir être triées puis interprétées. Les médecins pourront ainsi récupérer les données sur leur ordinateur ou leur smartphone. « Ils recevront des alertes pouvant indiquer des signes avant-coureurs de la dépression chez les patients », précise Denis Fompeyrine.
L’objectif de ce bracelet est ainsi de prévenir la rechute de la maladie qui se déclare dans près de la moitié des cas.
« Nous nous adressons aux patients qui sortent de l’hôpital ainsi qu’aux professions à risque telles que la sécurité civile et les forces armées », indique le fondateur de MyndBlue qui précise qu’à termes leur objectif est également d’équiper la médecine de ville.
Les deux entrepreneurs ont déjà déposé deux brevets et se sont associés avec le docteur Philippe Nuss, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. L’équipe s’est également entourée d’un comité d’experts dont le Professeur Raphael Gaillard, responsable du pôle psychiatrie de l’hôpital Saint-Anne à Paris, fait partie.
Un écosystème unique en France
Pour les deux entrepreneurs, le choix de l’incubateur de l’École polytechnique pour y développer leur projet s’est imposé comme une évidence.
« Aucun autre incubateur en France ne rassemble autant de compétences que ce soit en mathématiques, en informatique, en data, en intelligence artificielle et en apprentissage », constate Pierre Bassaler-Merpillat, co-fondateur et CTO de MyndBlue.
Depuis le mois de septembre, ils ont donc investi les bureaux du bâtiment La Fibre Entrepreneur – Drahi – X Novation Center sur le campus de l’X. Un écosystème attrayant pour les deux startuppers. Tout d’abord, l’environnement de recherche les a séduits.
« Nous sommes en lien avec plusieurs laboratoires comme celui de mécanique des solides et celui d’informatique », se réjouit Denis Fompeyrine. Autre atout : les startups présentes au bâtiment d’entrepreneuriat et d’innovation de Polytechnique.
« Je traverse le couloir et je peux discuter avec des startups confrontées aux mêmes problématiques que les nôtres : la jeune pousse Spinalcom développe des objets connectés, Weeroc travaille sur l’électronique et d’autres entreprises accélérées comme Auxivia et Instent réalisent des projets dans le secteur médical », constate Pierre Bassaler-Merpillat. Et cette cohabitation n’est pas un hasard.
« Notre volonté est de créer un écosystème où les start-ups incubées évoluent ensemble, à proximité de nos élèves, étudiants et chercheurs, et où elles ont la possibilité d’échanger sur des questions qu’elles rencontrent toutes, que celles-ci touchent au prototypage, à la technologie ou au développement de leurs réseaux », précise Matthieu Somekh, le responsable du Pôle Entrepreneuriat et Innovation de l’École polytechnique.
Des recrutements en cours pour répondre à la demande
Pour perfectionner leur objet connecté, les deux entrepreneurs cherchent à s’entourer des meilleurs experts. Pour cela, ils comptent bien capitaliser sur le réseau de l’X.
« Polytechnique est, entre autres, en pointe dans le domaine des mathématiques et du big data, nous allons ainsi pouvoir recruter les meilleurs mathématiciens pour qu’ils analysent nos données brutes », s’enthousiasme Pierre Bassaler-Merpillat.
Les deux startuppers recherchent dès à présent un ingénieur tout juste diplômé ou avec moins de deux ans d’expérience. Ils souhaitent aussi recruter un ingénieur produit, un data-scientist et un spécialiste du machine-learning.
« Nous devons faire vite car les demandes affluent, précise le CEO de MyndBlue. Depuis les attentats de novembre et avec ses répercussions psychologiques sur la population, les demandes immédiates ont été multipliées par dix et par 100 pour les besoins à court-terme ».
Outre les recrutements, les entrepreneurs cherchent à lever rapidement des fonds auprès de business-angels afin de mettre le produit au plus vite à disposition de leurs premiers utilisateurs et prescripteurs. Les premiers bracelets seront disponibles à l’usage à partir de février 2016.